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Né en 1882, un an avant la mort de Wagner, Walter Braunfels est, dans les années vingt et trente, l’un des compositeurs les plus joués à Berlin, aux côtés de Richard Strauss et Franz Schreker. Malheureusement, il disparaitrait presque complètement des programmes d’après-guerre, à l’exception de huit concerts donnés par Günter Wand à Cologne, entre 1946 et 1962. Dernièrement, nous avons pu redécouvrir certains ouvrages au disque, à commencer par l’opéra Die Vögel gravé par Lothar Zagrosek en 1994 et, plus récemment, Szenen aus der Leben der Heiligen Johanna par Manfred Honeck (deux références Decca) – qui, par ailleurs, a livré une version du Te Deum (Orfeo) –, mais aussi Prinzessin Brambilla sous la battue de Daniele Belardinelli (Marco Polo) [lire notre critique du CD]. À la scène, le Grand Théâtre de Genève présentait Die Vögel il y a dix ans, tandis que le Salzburger Festspiele jouait Szenen aus der Leben der Heiligen Johanna en version de concert [lire notre chronique du 1er août 2013].

Élève de Karl Navrátil, le professeur de Schönberg, Braunfels compose le premier de ses neuf opéras en 1909, Prinzessin Brambilla, où il développe un style personnel tout en gardant un matériau mélodique. Il écrira plusieurs cantates et quatuors, un quintette ainsi que des symphonies. Conçu pour chœur mixte, soprano, ténor, grand orchestre et orgue, son Te Deum Op.32 fut créé à Cologne par Hermann Abendroth en 1922. Il sera rejoué par Günter Wand en présence de l’auteur en 1952, avec la participation luxueuse de Leonie Rysanek, découverte un an plus tôt à la réouverture du Bayreuther Festspiele, et celle du ténor Helmut Melchert : cet enregistrement en est le témoignage.

L’œuvre, qui dure environ une heure, est divisée en quatre parties. Elle n’est pas sans rappeler ce qu’Anton Bruckner fit de cette hymne, quant au travail des masses orchestrales, au style grandiloquent et à l’aspect solaire du début du Te Deum laudamus. Elle fait la part belle au chœur et aux deux chanteurs, dont les interventions viennent parfois accompagner l’écriture chorale afin d’en faire ressortir certaines phrases, et à d’autres moments de nature purement solistes. La voix de Leonie Rysanek a cette vibration si caractéristique, mais une profondeur dans le chant et une puissance qui en font ici la chanteuse idéale. Helmut Melchert n’appelle aucun reproche, même si son timbre est moins exceptionnel.

La direction énergique de Günter Wand montre la qualité de la préparation du Kölner Rundfunk Sinfonieorchester, et ne peut que faire regretter la médiocre prise de son, qui laisse malheureusement brouillon et derrière les solistes l’amas orchestral et choral, par-delà la qualité du Gürzenich-Chor Köln. Précisons que le présent objet parut déjà chez Hänssler Classic (2007) avec à la Konzertmusik für Streichorchester und Blechbläser Op.50 de Paul Hindemith, alors que cette nouvelle mouture Acanta ne propose aucun couplage, mais une bonne notice sur Walter Braunfels (en anglais et en allemand).

VG